Histoire du flamenco
Etymologie du mot « flamenco » : les 3 théories
Autre hypothèse émise par des experts tels que Hipólito Rossy, Carlos Almendro ou George Borrow : nous devons le mot flamenco à la musique polyphonique de l’Espagne au XVIe siècle qui se serait développée sous l'influence des Pays-Bas, c’est-à-dire, avec les anciennes Flandres (Flamenco étant la traduction espagnole de Flamand).
Le terme pourrait aussi dériver des termes arabes felah-mengus (« paysan errant »), selon l'historien Blas Infante. Une autre thèse plus linguistique se réfère à l’argot du XVIIIème siècle qui donnait au mot flamenco le sens de « fanfaron », ou fait le rapprochement avec le mot « flameante » qui signifiait « flamboyant ».
Les origines du mot « flamenco » et de l’art qu’il désigne ont donné lieu à bien des suppositions. Mais quelles que soient les thèses avancées, la patrie reconnue du flamenco est l’Andalousie, formée par le grand triangle du Guadalquivir. Il y est apparu sous sa forme actuelle vers la fin du XVIIIème siècle. En constante évolution, le flamenco a des frontières « poreuses », et toute tentative pour le définir est à la fois périlleuse et réductrice.
Le peuple andalou
Le flamenco est surtout l’expression musicale d’une région, l’Andalousie mais surtout d’un peuple, les Andalous, qui ont créé un art que les gitans ont profondément influencé par leur frénésie de vivre, leur sens de la fête et du spectacle. Ce peuple andalou porte en lui un mystère, un frisson chargé d’une émotion universelle, celle de la voix gardienne du passé, d’une communauté qui nous parle, qui nous émeut, sans que l’on soit ni spécialiste ni érudit en la matière. Cet art nous bouleverse parce que son langage est celui du ventre, de la mère originelle qui porte tous les hommes, celui de l’âme et celui du cœur, celui que l’on ne pourra jamais enfermer dans aucun système. Le flamenco est à la fois terrien et aérien ; il est ancré dans la réalité la plus triviale mais aspire à transcender cet état. Cet art en perpétuelle évolution, rayonne aujourd’hui dans le monde entier.
L’histoire des gitans d’Andalousie
Partis du nord est de l’Inde (aujourd’hui le Pakistan), les gitans ont traversé l’Arménie et la Perse, puis sont arrivés en Turquie. Ensuite, certains se sont dirigés vers les pays nordiques et l’Angleterre, tandis que d’autres sont descendus dans le sud pour entrer finalement en Espagne. L’arrivée des gitans en Espagne peut être situé en 1425, date du 1er sauf-conduit accordé par le roi Alphonse V à une colonie gitane. En 1462, un 2ème document précise l’installation des gitans en Andalousie. Mais la pragmatique signée en 1449 par Isabelle et Ferdinand, à Médina del Campo, inaugure déjà une longue série de mesures répressives envers les gitans. Depuis cette date et jusqu’en 1783, on compte plus de 140 dispositions à leur encontre. Véritables boucs émissaires, accusés de tous les méfaits et endurant tous les châtiments, les gitans portent inexorablement, parfois encore aujourd’hui, le lourd fardeau d’une histoire aussi sombre que le cante jondo. Ils ont marqué de leurs propres caractéristiques (voix plus rauques et plus cassées, par exemple) certains styles comme la buleria ou la siguiriya et ont enrichi la danse de mouvements plus instinctifs, plus sensuels. Ils sont devenus les acteurs privilégiés de la fête flamenca, à laquelle ils ont apporté transe et magie. Mais il convient de rappeler une nouvelle fois que les gitans n’ont pas inventé le flamenco et que celui-ci ne leur appartient pas ; le flamenco est le fruit musical de leur cohabitation avec les Andalous. C’est grâce à la grande hospitalité des Andalous, à leur tolérance et à leur capacité d’intégration des étrangers que les gitans ont pu trouver une terre d’accueil propice aux mélanges culturels et musicaux.
Les influences du flamenco
La présence arabe en Espagne s’étend sur 8 siècles et marque de son empreinte tous les domaines de la vie, au point de donner son nom à la région : Al Andalus. La richesse musicale de la culture arabe a laissé des traces dans le flamenco dont certains palos, comme la zambra, sont encore les témoins. On peut aisément saisir dans les mélismes du cante flamenco des échos de la musique du Maghreb et d’Orient, directement implantée en Espagne par des musiciens tels que Zyriab de Bagdad, venu s’installer à Cordoue au IXème siècle. A cette époque, les chants de la minorité juive vivant dans le Sud de l’Espagne ont également pu pénétrer le folklore andalou et arriver par cette voie jusqu’au flamenco. De même, au sein du métissage des cultures qu’à produit l’époque coloniale, la cadence andalouse a voyagé jusqu’au Nouveau Monde, en se mêlant aux airs et aux rythmes locaux et à ceux des Noirs africains (Canto de ida y vuelta : Chant d’aller et retour). De nos jours, on peut entendre sur tout le continent américain des sones cubais, des bachatas dominicaines, des boléros mexicains, des marineras péruviennes, des zambas argentines et des tonadas chiliennes qui contiennent cette cadence dans leur structure harmonique. A leur tour, les Espagnols ont ramené d’Amérique les guajiras, milongas et rumbas, en les intégrant au folklore andalou. Et pour ne pas être en reste, ils ont « volé » aux Noirs de Lima le cajôn péruvien, qui est aujourd’hui un élément indispensable du zapateado flamenco.
Ressentir le flamenco
Comment expliquer le choc émotionnel provoqué par le chant, comment décrire la puissance visuelle et gestuelle de la danse flamenca, comment analyser les sonorités si particulières de la guitare flamenca ? Expliquer, décrire, analyser : des mots finalement bien réducteurs, car un voyage au cœur du flamenco ne peut atteindre son but que si la communion est totale et absolue. Il faut s’imprégner de la terre, des chants, des danses, de la musique pour laisser libre cours à l’émotion, pour être envahi par cette exultation qui caractérise le flamenco et en fait un élixir de vie aux accents passionnés. La fête flamenca est beaucoup plus qu’un simple divertissement. Où qu’elle se situe, dans la famille gitane, dans un bar ou sur une scène, quand le chanteur, la danseuse ou le guitariste sont habités par ce duende, cet état de grâce artistique, elle atteint des sommets d’émotion, libre de tout carcan : l’âme frôle la transe. Rien ni personne ne pourrait expliquer l’impalpable, ces moments d’éternité où la danse se mêle au chant, tous deux sublimés par la guitare sur des rythmes incandescents qui ébranlent les participants au plus profond d’eux-mêmes.
La danse flamenca
Les coups de pieds ou la passion furieuse caractérisent la danse flamenco. Son origine se trouve dans les villages marginaux du sud de l’Espagne. La danse flamenco et la musique ont subi l’influence des anciens Grecs et Romains et plus tard, l’influence des Arabes, Juifs et même des Hindous. Grâce au développement de la musique flamenco, la danse a rapidement évolué, apparaissant pour la première fois d’une manière structurée au XVIIIe siècle. Les danseurs passionnés impressionnaient le public dans les cafés cantantes
Selon l’opinion émotionnelle, les phrases mélodiques et les différentes traditions de chaque chant, la danse se manifeste dans beaucoup plus de cinquante palos différents. La musique et la danse flamenco comprennent une forte improvisation personnelle et de cette façon, la danse flamenco s’inscrit dans l’espace en créant différentes formes d’émotion spontanée des danseurs à tout moment.
Dans un spectacle, les danseurs restent généralement immobiles pendant les premières notes de la mélodie. Ils absorbent les accords de la guitare, les palmas et le chant, jusqu’au coup inspirateur. Il ou elle va alors commencer par une danse passionnée en suivant le rythme de la chanson. Ils exercent des mouvements doux et élégants qui contrastent avec les coups vibrants des pieds qui frappent fortement contre le sol. Le duetto, qui est généralement composé par un homme et une femme, est une compétition de la passion entre les deux danseurs.
Le chant flamenco
Le chant flamenco originel ne s’est pas développé dans un univers musical espagnol inexistant ; au contraire, il s’est nourri des chants et de la musique populaire andalous. Ses premiers cris ont parfois été solitaires, empreints de la souffrance inspirée par les grandes tragédies universelles de l’homme, et plus particulièrement de toutes les communautés marginalisées ; mais la fête et le sens du partage les ont également illuminés. Le chant flamenco s’est transmis oralement au sein de clans sociaux bien déterminés (gitans, paysans, bandits, gens du voyage), généralement a cappella, mais parfois accompagné de danses au son des tambourins ou des crotales. Son universalité réside, entre autres, dans sa thématique et sa densité émotionnelle : l’amour, passion déchainée et libertine qui ne rentre pas dans le jeu des conventions sociales, les malédictions et les menaces ; la mère qui inspire un amour profond et respectueux ; la société hostile et trompeuse ; la pauvreté, souvent vécue avec résignation, mais aussi avec fierté et dignité ; la mort et la fatalité ; l’honneur et la vengeance du déshonneur ; la foi, Dieu, apparaissent parfois comme la seule solution possible. Tous les drames de la vie, les sentiments les plus profonds, les émotions les plus intimes constituent la sève nourricière du flamenco, qui joue ainsi un rôle de catharsis.
La Guitare flamenca
Contrairement à la guitare classique à l’attaque souple et à l’étouffement long et progressif, l’objectif donné à la guitare flamenco est d’offrir un son puissant et percutant recouvrant les bruits de pas des danseurs. Ce sont alors des essences de bois spécifiques rendant la guitare plus légère, qui permettent d’augmenter son volume et mettre l’accent sur l’attaque des notes. La guitare flamenco est une guitare unique, très intéressante à jouer. En vous y mettant, vous découvrirez des techniques que l’on ne voit pas dans le classique et vous pourrez améliorer votre jeu d’improvisation. Découvrez cet univers riche en polyrythmie, en cadence et en technique. Nous aborderons ensemble de nombreux styles de musique (palos), de la rumba dansante et festive à la solea grave et sombre en passant par la farruca profondément orientale et viscéralement flamenco. Nous étudierons les origines, l’aspect rythmique, le compas, l’accompagnement au chant et a la danse, les palmas, la technique main droite, les rasgueados, picado, pulgar, golpe, arpèges, alzapua et de nombreuses autres, le tout envidéo, partitions et tablatures. Le flamenco est une discipline exigeante. Il regorge de rythmes et de codes bien précis qu’il faut connaitre absolument. C’est ce paradoxe qui fait que le flamenco est un art de vivre, insatiable et sans finalité. Il se mélange à merveille aux musiques actuelles telles que le jazz, la fusion, etc
Les styles musicaux
Rock
« Le rock est la foutue meilleure drogue du monde. » ( Angus Young).
Jazz
« Le jazz est la révolte de l’émotion contre la répression. » (Joel A. Rogers).
Funk
« Le virtuel et la funk réchauffe le coeur. »
Flamenco
« L’emballage peut être important, le contenu doit l’être. » (Paco de Lucia).
Blues
« Le blues est facile à jouer, mais difficile à ressentir. » (Jimi Hendrix).